samedi 4 février 2012

II - Ketzing, paradis en Lorraine. Le cadre:


2 - Chronique d'une famille lorraine : les ROSART de LEZEY en Moselle - II - Ketzing, paradis en Lorraine. Le cadre:

« Ce qui n’est pas dit n’existe pas, ce qui n’est pas écrit n’existe plus »



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                                          II - Ketzing, PARADIS en Lorraine

"D'immenses nappes d'eau, bordées de nénuphars, enfonçant leurs golfes, comme de longs doigts fureteurs dans l'épaisse toison forestière, la rendent particulièrement sauvage et solitaire".         
                                                                                                       (François de Curel parlant de sa propriété de Ketzing)

Ketzing pour moi, c'est des noms de lieux associés à des anecdotes relatées  maintes fois par mon père. Certaines avaient été vécues par notre famille, d'autres faisaient partie de l'histoire locale et se transmettaient on ne sait comment, mais subsistaient dans la mémoire collective. Je vois encore ces noms écrits de sa main sur le plan qu'il avait toujours sur lui. Découpé en six secteurs, il l'avait collé sur un tissu de lin pour qu'il ne se déchire pas au pliage et constituait une relique. Ce plan mentionnait les numéros des coupes de bois et la situation des miradors. Ainsi figuraient à l'encre de chine d'un noir intense qui tranchait sur le fond de plan jauni par le temps: l'Ambulant, le Stinqueborn, le Stronk, le Col des Français, la Canardière, le Vieux Château, le Lindre, le Moorfeld, la Kremloch, la Goutte des Oiseaux et tous les étangs et toutes les mares utilisées en hiver comme lieux d’affouragement pour le gibier.


Ci-dessus la "Relique" et ses six secteurs reconstitués 
Le cadre :


Il ne m’est pas possible de faire une description objective de ce lieu où j’ai vécu près de vingt ans. (Voir aussi: Histoire-de-fifi-faon-de-ketzing). C’est pourquoi je confierai à un journaliste du Lorrain, quotidien régional aujourd’hui disparu, le soin d’en parler. Les autres commentaires et informations seront, comme ceux du chapitre précédent, « ma vérité ».

  
                               Ci-dessous, vue du château et de la ferme vers 1950.
                            (La photo du château date de 1935, elle est d’Eugène ROSART, tout nouveau régisseur. Celle du tableau de chasse ci-dessous en fin d'article est du même auteur. Elle date de la fin des années 40.)




François de CUREL et son fidèle garde-chasse Monsieur Joseph REBRE (l'homme au chapeau). Il est décédé le 07.10.1940 à Réchicourt-le-Château, commune voisine où il est enterré, après avoir consacré toute sa vie à la chasse, sa passion. Je ne le connais qu’à travers ce que disaient de lui mes parents. Å les en croire, c’était un "homme admirable".
G.M. VILLENAVE, inspecteur général des Eaux et Forêts, en Octobre 1948 dans sa préface de "La chasse ma grande passion", de François de CUREL, parle de Monsieur REBRE en ces termes: "Ancien garde du Donon, alsacien de langue française, type fin et intéressant, Rèbre a été probablement pour M. de Curel le plus remarquable, le plus fidèle et le plus dévoué des gardes-chasse. Il était jour et nuit dehors. Ses fils, qu'il postait à tous les coins de la forêt, lui permettaient de préciser, à l'époque du brame, que tel seize, quatorze ou douze bramait à la queue de l'étang et que tel autre était avec sa harde dans la coupe du Lindre, à l'époque de la croule que les bécasses passaient sur tel ou tel pré...

J’avais toujours cru que l’on trouverait un jour le vieux Rèbre mort au pied d’un grand chêne, son éternelle pipe à la bouche, cette pipe dont la fumée lui permettait d’approcher toujours le gibier à bon vent. Il est mort pendant la guerre attaché à cette forêt de Ketzing, à ce sol où rien de ce qui vivait n’échappait à son observation, depuis les gélinottes des taillis ou la sauvagine des étangs, jusqu’au grand gibier, cerfs, chevreuils, sangliers, ou au gibier à fourrure, renards, martres, loutres.

Rèbre, qui détenait le record des sangliers abattus, avait un œil d’oiseau de proie. La balle la plus acrobatique que je lui ai vu placer est une balle au défaut de l’épaule d'un sanglier sautant une ligne à une centaine de pas, après avoir lui-même parcouru à la course pour arriver à temps une cinquantaine de mètres dans la boue épaisse d’une ligne sommière ».
(Cette citation de G.M. VILLENAVE m'a été communiquée par Diane REBRE, arrière-petite-fille de cet "homme admirable".)
Je ne me souviens pas de Ketzing avant 1940. Par contre j’ai des souvenirs très précis de notre arrivée, au retour d’expulsion, en 1945.
Toute la famille se trouvait sur la route entre Réchicourt-le-Château et Ketzing, dans une camionnette louée, lorsqu’à un barrage militaire un soldat américain nous demanda de stopper pour une fouille minutieuse de notre chargement. Il me sembla que cela dura des heures, alors que parait-il, tout se passa bien et que l’on put continuer notre route.
La maison du régisseur n’étant pas habitable en l’état où elle se trouvait, nous nous sommes installés dans la maison forestière destinée au garde-chasse (à 4h sur la vue satellite en tête de ce chapitre). 
Quelques mois plus tard nous avons emménagé dans notre maison où nous avons pu prendre nos aises et occuper la baraque de bois d’à côté en l’aménageant selon nos besoins.

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